Parmi les fractures qui contraignent la tectonique de la planète coach, il en est une singulière, qui produit, par l’intensité particulière de sa dynamique, quelques séismes avec répliques.
Il s’agit du coaching de performance versus Coaching « relation d’aide », les partisans de l’un soupçonnant les partisans de l’autre d’être pris dans les filets de l’idéologie comme s’il était possible d’échapper soi même à l’idéologie!
Je défendrai, ici, qu’il s’agit d’un faux problème pour peu qu’on s’interroge un peu sérieusement sur cette notion, pas si évidente que ça, de performance.
A lire le dictionnaire (TLF), il est toujours intéressant de revenir aux sources, on trouve globalement trois définitions
- Rendement, fiabilité très élevé ou exceptionnel d’une machine, d’un objet, d’un matériau.
- Manifestation publique de ses capacités
- La performance est un art du trajet, de la trajectoire, du processus
Je ne retiendrai que la troisième, la première relevant de la thermodynamique ou de la mécanique dans des dispositifs non finalisés (qu’est ce qu’une performance intrinsèque?) et la seconde de la communication.
Ainsi, serait performant ce qui optimise une trajectoire. La trajectoire n’etant pas autre chose que le chemin qui part d’un point initial pour arriver à un point final sa transposition dans l’entreprise, devient: est performant, tout collaborateur ou équipe qui réalise ses objectifs.
Un coaching de performance serait, donc, en première instance, l’accompagnement d’une personne, d’une équipe, d’une organisation afin qu’elle réalise ses objectifs!
Outre l’interrogation sur la pertinence des dits objectifs, on peut évidemment se demander si, une fois métabolisée l’inévitable angoisse devant l’inconnu, c’est bien de ça dont les entreprises ont réellement besoin dans un monde en mutation rapide et permanente .
Garder les yeux fixés sur ses objectifs est probablement le meilleur moyen d’une part de ne pas les atteindre (parce qu’ils bougent en permanence en fonction du contexte, comme les planning dans les projets!) et d’autre part de perdre cette vision globale si nécessaire pour assumer une présence attentive à un marché toujours à construire.
Peut être ne fait on alors que renforcer le conformisme qui est, avec la complaisance, le cancer de l’entreprise.
Nous avons tous en tête cet art merveilleux du Kyudo (tir à l’arc japonais) où justement, pour atteindre la cible, il faut oublier la cible. Il s’agit « simplement » d’être présent à la situation, de se laisser traverser par l’inattendu. Dans l’Aikido que je pratique depuis quarante ans, le meilleur moyen de prendre un coup est de regarder le poing de son adversaire ou de penser à la technique que l’on veut faire!
Notre vocation de coach n’est il pas, dés lors, d’entretenir chez notre client cette ouverture sans condition qui le rendra tout simplement présent et disponible à un monde toujours en création…et à la création duquel il participe par essence.
Il en va, d’ailleurs et tout simplement, de cette diversité suffisante dont parle les systémiciens, diversité qui permet de répondre à la complexité de l’environnement (cf.Henri Atlan et les phénomènes d’auto organisation).
Entretenir une juste diversité, voilà la vraie performance et non la standardisation qui rend si vulnérable tout organisme vivant incapable de réagir à l’inattendu.
La performance n’est décidément pas où on la cherche!