Des sciences dites humaines…

Et voici que subitement les sciences humaines viennent faire irruption dans le coaching. qu’elles le fassent en tant qu’objet d’étude sociologique voilà qui est dans leur « nature », qu’elles prétendent nourrir une pratique « humaine », voilà qui pose question, en particulier de leur propre point de vue….

Il n’est guère besoin de fréquenter longtemps ces disciplines pour se sentir interpellé par l’incroyable arsenal méthodologique déployé au regard du caractère dérisoire des résultats obtenus; dérisoire, en tout cas pour ce qui concerne la conduite de notre vie quotidienne…et de nos relations humaines.

Ansi, L’intitulé « sciences humaines » apparait, en lui même, doublement paradoxal.

D’un coté, il n’y a de sciences qu’humaines comme le faisait justement remarquer Lacan, puisqu’elles sont produites par des hommes. Toute science, y compris les mathématiques, est, forcément, « humaine ».De l’autre coté, il ne peut y avoir de science qu’inhumaine, puisque pour qu’il y ait science, il faut l’absence irrévocable du sujet et l’hypostase d’un pure objet. La science est par essence « chosification »: elle ne peut, donc, voir les hommes que comme des choses.

Gênant pour les pratiques de relation d’aide!

Voilà qui n’est pas nouveau.On retrouve souloigné ce paradoxe aussi bien chez Max Weber, que chez Husserl qui soulignait l’urgence dans « la crise européenne » d’une science transcendantale qui réhabiliterait la subjectivité, c’est à dire la réalité vivante du sujet connaissant .

Il ne s’agit rien de moins que de réhabiliter l’humanitude dans toute son épaisseur!!

La psychanalyse ne s’y est d’ailleurs  pas trompée qui ne revendique qu’à la marge et mollement la reconnaissance de sa scientificité…car sa vérité est ailleurs!I

Il est quand même singulier de constater que cela fait un siècle, depuis l’émergence scandaleuse de la mécanique quantique pour tout dire, que les « sciences dures » se posent cette question fondamentale, tandis que les sciences de la vie et les sciences humaines s’enfoncent, sans questionnement, dans un réalisme naïf et sans discernement.

Les sciences humaines ne parlent pas plus de l’homme que la biologie ne parle de la vie.

Le professeur Paul Jonckeere, psychiatre, psychanalyste et phénoménologue, parait, sans doute, moins radical lorsqu’il dit que les sciences humaines doivent s’appuyer:

  • Sur une conception de l’homme (autrement dit une philosophie…et nous ne sommes plus dans la science!)
  • Une méthode
  • Une éthique (et là encore nous ne sommes plus dans la science!)

mais, à bien y regarder, il ne dit pas autre chose!

Pour terminer ce texte, peut être est il utile d’en appeler à Lukacs:

  • La logique (la science, c’est moi qui rajoute) est sans sujet
  • L’éthique est sans objet
  • Seul l’art, (et je rajoute la thérapie, le coaching…) apprehende à la fois le sujet et l’objet comme co-naissance.

Voilà, donc, le coaching ramené a une forme d’art Quelle est, donc, si elle existe la pédagogie de cet art.?

La praxis (au sens marxiste, pas grec) , bien sur, c’est à dire la dialectique, jamais achevée, entre l’élucidation personnelle et la construction de pratiques toujours à interroger….. et déconstruire. C’est à dire l’effort de mise en question permanent et supervisé qui devrait être l’hygiéne quotidienne du coach.

helas! il n’est que de lire, ici ou là, les hubs et autres blogs (je pense, entre autre à quelques echanges croustillants, s’ils n’étaient aussi affligeants, par leur méconnaissance, lus ici ou là sur le transfert dans le coaching) pour constater l’incroyable pauperisation de la pensée: non pas d’une pensée seulement théorique mais aussi d’une pensée qui pense sa pratique!

A suivre…..

2 réflexions sur “Des sciences dites humaines…

  1. Jacquemoud

    Je suis très surprise de lire ce texte sur les sciences humaines et la soit disant pauvreté de leurs résultats….et le coaching comme sauveur de tout… Sincèrement je ne comprends pas cette radicalité ? Je suis issue du milieu universitaire et je crois que ce n’est pas en critiquant toujours les uns et les autres, qu’on brille plus soit-même. Les Sciences Humaines ont leur place et leur utilité. Et elles ne se réduisent pas à quelques classiques comme Weber et Husserl. Comme le coaching a la sienne. Le propre du chercheur et de l’épistémologue est de rester humble me semble t-il… Non ?

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    1. Bonjour,
      Vous ne m’avez pas lu avec attention.

      Quand Heidegger dit que la science ne pense pas, il ne dit pas que les scientifiques sont bêtes ni même que la science n’a rien à dire! il dit que la science s’occupe exclusivement de rapports de quantité. Je rappelle qu’il définit l’homme dans Etre et temps, comme cet « étant particulier pour qui il y va de son Etre ». La science s’occupe de tout sauf de l’être, entendre le « avoir à être ». Tout ce qui n’est pas « étant » lui échappe par essence. Elle est par nature objectivante!

      La biologie n’est pas une science du vivant et les sciences humaines ne sont pas une science de l’homme. Ce qui n’enlève rien, je suis moi même scientifique, à leur intérêt dans leur champ propre.

      Là où il y a imposture c’est quand elles prétendent servir de base pour « gérer » la vie des hommes! Je n’ai rien contre les neuro sciences sauf quand elles veulent m’expliquer qu’on tombe amoureux parce que tel aire du cerveau est activée et tel neuro médiateur est produit!

      Par ailleurs, je n’ai jamais dit que le coaching allait sauver le monde. 80 % des coachs s’appuient sur des pseudo « théories » d’une pauvreté redoutable, process com, pnl, analyse transactionnelle, qui entrent dans la grande catégorie des gestionnaires d’âmes, 19% s’appuie sur les sciences humaines (sociologie….) et 1% peut être essaye de réfléchir en profondeur à ce qu’est l’humanitude. Mes pourcentages ne sont pas scientifiques!

      Il ne faut pas s’étonner que notre civilisation s’enfonce dans le malaise!!! Lorsque Heidegger dénonce la technique, il ne nous renvoie pas au moyen age! il ne crache pas sur l’électricité. Il dénonce un regard sur le monde comme stock disponible, marchandise, quantité à gérer .

      Et là les gens qui font des sciences humaines et qui ne prennent pas position ont une responsabilité redoutable!

      Il faudrait pouvoir parler de ce que c’est penser, de ce qu’est une chose, du langage comme Parole, de la vérité et de l’art…

      Je vous invite à méditer cette phrase d’Henri Maldiney:

      « La spatialité et la temporalité de la présence ne sont pas de l’ordre de la représentation ; et, le rapport de communication n’a rien à voir avec les techniques de communication dont se prévaut notre époque, et qui sont utilisées comme des prothèses là où précisément la communication est en échec. Ce qui risque d’ailleurs de rendre permanent l’échec »

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