Que font deux coachs quand ils dinent ensemble? Ils parlent de coaching!
Atmosphère chaleureuse, après un petit “Port Charlotte 12 ans d’âge” délicatement tourbé, un verre de sancerre et quelques verres de Bourgueil…
C’est là qu’un dialogue “authentique” trouve toujours ou presque, bon an mal an, à s’installer.
“ Super ce que tu écris sur les réseaux sociaux, tu places la barre très haut sur la question de penser sa pratique…”.
Aï, aï, aï, c’est là qu’il faut se méfier.
Quelques secondes de silence.
“Mais à quoi ça te sert exactement? Moi je n’ai pas besoin de tout ça: je danse avec mes coachés”.
Le cerveau un peu embrumé, ralentissement cérébral, je bégaye un “être le là” timide et embarrassé. Bon, c’est vrai quand j’ai bu je parles l’Heidegger dans le texte comme d’autres parlent le Lacan sans peine même quand ils n’ont pas bu.
Et puis je me suis dit, c’est vrai ça à quoi ça me sert si coacher c’est danser avec son client.
Je trouve cette définition plutôt bienvenue. Elle en vaut bien d’autres. Elle a mérite de rassembler toute mes interrogations sous un forme avec laquelle je peux dialoguer.
Finalement qu’est que cela veut dire danser? Ici l’on entend, bien sur, une danse de salon.
Ici l’on entend, bien sur, une danse de salon. En réfléchissant bien, sous l’apparente frivolité de la danse, il y a un rapport de pouvoir certes consenti qui s’instaure. Le mot consenti est fondamental. Agamben après Foucault dirait que c’est un “dispositif”. Il y est, donc, question à la fois de pouvoir et de subjectivation; l’un nourrissant l’autre et réciproquement.
On ne danse pas n’importe quelle danse.
Il y a celui qui conduit et celui qui suit, sous la musique d’un orchestre que le client n’a pas choisi, le tout dans des décors imposé avec ses apparats, ses codes, ses mondanités., pour arriver à tel endroit de la salle prévu d’avance.
Un rituel, quoi! Dont Agamben identifie bien les racines théologiques.
A un premier niveau, le coaching éthique consistera à “profaner”, c’est le mot employé par Agamben, les dispositifs, c’est à dire à en dénoncer la part de mystification intéressée pour en rendre la libre utilisation.
En second niveau, et c’est là , que, bon dieu, mais c’est bien sur, la subversion japonaise, opère dans son dépassement de la pseudo universalité de la métaphysique occidentale de la substance, de l’être de l’étant, de l’opposition sujet/objet.
Dans ce cadre là la danse devient quelque chose de beaucoup plus subversif. La danse elle même, de la même manière qu’un corps pesant déforme l’espace temps, déforme les parquets qui deviennent mouvant à chaque pas. Les décors, les murs bougent, se connotent d’autres couleurs, jusqu’à la rythmique et l’atmosphère même du lieu qui devient milieu, paysage : cela devient beaucoup plus global, angoissant, beaucoup plus riche.
C’est toute la structure qui se déforme, se décompose, se recompose à chaque pas.
.C’est la notion de milieu que développe Watsuji dans son magnifique livre “Fudo”.
Un paysage est toujours existentiel qui se construit en permanence avec les contraintes du milieu: le fond, l’atmosphère, les autres, l’institutionnel dans leurs interactions et rétroactions.
Cela conduit à des pratiques fort différentes qui toutes ont pour objectif de mettre en place puis d’interroger des dispositifs afin que jamais cela ne se fige en Algébrose (Marcel Jousse) en mobilisant tous les niveaux de travail dans une conflictualité positive:
Disputatio,
Palimpseste,
Polyphonie,
Dialogue..
Voilà l’objet de cet ouvrage: proposer une grammaire afin d’inscrire les éléments d’un vocabulaire, quelques très pratico pratiques expériences “simples” (et pas des exercices!), dans un projet cohérent pour accompagner une organisation dans son auto transformation!
Il aura à coeur, et il proposera des exemples concrets , de décrire ce que j’ai appelé le vocabulaire et la grammaire de l’intervention pour permettre aux coachs d’écrire eux même leur propre récit.