La folie est l’une des modes d’être de l’homme. La psychiatrie interroge profondément sur ce qu’être humain veut dire.C’est pourquoi le discours d’Oury nous touche, pour peu que nous l’entendions, c’est à dire pour peu que nous le laissions résonner. L’approche institutionnelle interroge le patient en même temps que son environnement, dans leur construction réciproque.
L’instituant ne doit jamais se cristalliser dans l’institué.
Maintenir ouvert le processus d’institutionnalisation est la seule manière d’entretenir une dynamique collective pérenne en laissant vibrer la polyphonie des différences.
voilà la noblesse du précaire.
Pas confortable sans aucun doute.
. L’enjeu est de construire une véritable intelligence collective , c’est à dire qui se met en question à chaque moment, qui ne se fige pas dans des outillages, qui accepte et élabore les tensions, qui intègre les différents niveaux d’aliénation (il faut pour cela une bonne compréhension des enjeux psychologiques individuels – de la dynamique groupale (voir https://lamoucheducoach.wordpress.com/2012/02/27/horse-coaching-et-coaching-dequipe-comment-fonder-une-pratique/ ), et de l’élaboration institutionnelle)
C’est à partir de la question de base « qu’est ce que je fous là » que l’on peut questionner au plus profond le rapport entre désir et institution dans une saine conflictualité, un raport qui ne dénie pas les niveaux d’aliénation à l’oeuvre.
Jean Oury nous propose ici une éthique de l’altérite: se laisser questionner par l’autre est la seule manière de grandir. Il ne s’agit pas de se retrouver sur des consensus dérisoires, consensus qui s’effondrent à la moindre frustration, mais vraiment de se laisser mettre en question (au sens propre: se mettre en position de se questionner)..
La rencontre est événement qui nous appelle à intégrer le bouleversement.
« C’est dans le vide, dans la faille du Rien, que chacun court le risque de soi même, s’advenir ou s’anéantir. Mais là ou tout est joué, où plus rien n’est à être, du vide ne peut sortir que le même avec sa menace sans hasard, le même d’une présence sans dépassement, prise dans l’étreinte d’elle-même. Aussi s’agit-il avant tout de le colmater »
(H.Maldiney).
Peut on mieux dire l’enjeu existentiel qui s’incarne dans la dynamique collective..et la menace mortelle qu’elle encourt dans le conformisme.
Il n’y a pas si longtemps, j’intervenais dans un hôpital et j’avais proposé un dispositif permettant le mélange des statuts et des fonctions. Il m’ a fallu beaucoup de temps pour convaincre, c’est à dire vaincre les résistances des managers.
Car se parler est un risque majeur qui pourrait ouvrir à la Vie: terrifiant pour les organisations.
J’ai envie de conclure par cette citation de du philosophe américain Stanley Cavell, car dans son raccourci stylistique, elle nous montre l’etayage essentiel ente le travail personnel et la mise en question institutionnelle:
« La confiance en soi est l’aversion du conformisme «
Stanley Cavell