De plus en plus d’études tendent à montrer que l’efficacité, en relation d’aide, tient moins à la théorie sous-jacente, aux dispositifs et aux méthodes, qu’à la qualité de la relation établie entre le coach et son coaché : toute relation thérapeutique est d’abord une rencontre.
La condition de la rencontre est bien sur la Co-Présence : présence du coach dans toute la plénitude de son ouverture, présence du patient jusque dans ses errements, ses évitements, ses trébuchements qui sont autant de formes de présence.
Ce que l’on repère le plus facilement dans un premier temps, c’est la Présence à l’autre. Avant toute démarche, avant tout modèle, avant même la dimension transférentielle, il pré existe la relation entre deux êtres comme effet inconditionnel de présence.
En tout état de cause, pour qu’il y ait processus réparateur, il semble bien que la qualité de Présence du coach, in fine sa qualité d’Etre, joue un rôle primordial: la Présence à l’autre pourrait bien s’appuyer sur d’autres dimensions qu’il nous faudra tenter de cerner.
On sent confusément qu’il y sera forcément question de lien, mais aussi d’ouverture et d’une forme de disponibilité et de capacité d’accueil inconditionnel à partir duquel les processus de contenance et d’étayage peuvent se déployer.
Comment comprendre cette Présence sans en faire quelque chose de mystérieux relevant d’une aura quelconque, comment se manifeste elle ?
Dans la suite de ce texte, nous essaierons de décliner diverses facettes de cette notion d’autant plus complexe qu’à ma connaissance elle n’a pas été explorée.
Dans un premier paragraphe, nous évoquerons les travaux d’Ophélia Avron, travaux précurseurs mais dont l’ambition même, d’être lisible à l’intérieure de la psychanalyse empêche, me semble-t-il, de déployer le concept propre de présence dans toutes ses dimensions puis dans un second temps, nous essaierons de décliner le concept dans ses différentes dimensions.
- Pulsion d’inter liaison et effet de présence
La théorie des relations d’objet et la psychologie des tout premiers mois de la vie, conduisent à s’interroger sur les mécanismes de construction des objets internes. Pour certains, le bébé a une tendance innée à créer du lien.
Ainsi, Une première piste métapsychologique est déployée par Ophélia Avron sous le nom de pulsion d’inter liaison. Cette pulsion à créer du lien vient compléter les pulsions libidinales, qui tendent à décharger les tensions, et entre en compétition avec elles. Toute relation est, donc, infiltrée par la dynamique concurrente de ces deux types de pulsions.
Ce jeu pulsionnel définit un rythme* propre, c’est à dire une géométrie énergétique dynamique au groupe. C’est Justement ce rythme et ses effets subjectifs et intersubjectifs qu’Ophélie Avron appelle l’effet de présence.
En tout état de cause, , cet effet de présence n’épuise pas le sujet car il ne dit rien sur la qualité de Présence, l’intensité de la présence et la Présence en elle-même.
A un certain niveau, la définition de cette pulsion d’inter liaison* apparait comme un artefact créé par la division corps psyché qu’introduit d’ailleurs Freud dès lors qu’il définit un appareil psychique. Du coup, la notion implicite énergétique au cœur de l’effet de présence est nommée mais reste impensée.
Dans ce second temps, je me propose d’examiner les différentes composantes de la Présence sans se poser la question de l’intégration d’une quelconque théorie.
2 La présence :
Étymologiquement présence vient du latin prae sentia qui veut dire à la fois (François Fedier) se tenir « prés de » et se tenir « prêt à » Dans ces conditions, on peut déjà dire que, être présent, ce n’est pas être renfermé sur soi mais au contraire être à la fois dans une certaine disposition d’accueil de l’autre et dans une vigilance active
Dans un premier temps et provisoirement, ce texte étant un brouillon, je vais essayer de donner une cartographie des différentes composantes de la présence.
Puis je donnerai un contenu à chacun des item
2.1 Les fondements de la présence :
On dit d’une personne qu’elle a une « forte présence » quand elle modifie l’atmosphère de la pièce dans laquelle il rentre.
Les très rares études consacrées à la présence montrent que toute personne développant une telle qualité puise ses ressources, en particulier, énergétiques dans leur enracinement dans un niveau qui touche au plus profond de leur Humanitude, un niveau que l’on peut, encore hâtivement sans doute, qualifier d’universel..
Si, donc, l’on considère que la souffrance psychique nait d’un déséquilibre qui coupe la personne de ses ressources profondes, alors le travail du praticien devra consister à l’amener, dans la rencontre, à reprendre contact avec ce niveau d’Humanitude pour y puiser les ressources nécessaires au rétablissement de l’harmonie rompue.
2.2 Les dimensions de la Présence
La Présence est un phénomène global d’origine énergétique comme nous en avons fait l’hypothèse ci-dessus. Cependant, il se projette selon plusieurs dimensions. Ces projections ont quelque chose d’artificielles tout en soulignant quelque chose d’essentiel à la Présence.
2.2.1 Etre « prés de »
2.2.1.1 La présence à soi
Pour être présent aux autres, il faut d’abord être présent à soi. Etre présent à soi, cela veut dire être suffisamment enraciné (cf. Paragraphe ci-dessus), suffisamment solide dans son identité pour être « là » et dans une disponibilité totale. On essaiera d’en comprendre les conditions dans le paragraphe consacré aux conditions de la Présence. Ce que l’on peut dire ici, c’est que le coach est toujours en recul (position méta) par rapport à ses propres contenus de conscience. Il n’est jamais envahi par les manifestations du contre transfert. Ou tout au moins il devrait se poser la question pour peu qu’il ait lui même un cheminement suffisant.
On retrouve bien, par rapport à soi, cette notion de distance, de déport contenu dans l’étymologie du mot présence.
2.2.1.2 La présence à l’autre
La Présence à l’autre se caractérise par la capacité du coach à ouvrir un espace sécurisé dans lequel la présence de l’autre, dans toutes ses défaillances puisse être accueillie.
La Présence permet de dire des choses difficiles à un coaché et être entendu parce que qu’elle permet d’installer une empathie dans laquelle ce dernier se sent suffisamment en sécurité.
Elle implique, donc, capacité de contenance* et une fonction d’étayage*. Mais l’accueil de l’autre ne peut se faire que dans le silence intérieur du coach, son détachement qui lui permet de laisser résonner la parole de son coaché.
2.2.2 Etre « prêt à »
2.2.2.1 La présence au monde ou Vigilance
D’une manière générale, la Présence implique une « présence au monde »sous la forme d’une vigilance qui nécessite une attention ou vision globale. Cette présence au monde constitue le contexte au sein duquel prend place la relation à l’autre qui constitue, in fine, une focalisation particulière de la présence au monde mais aussi l’horizon dans laquelle elle se déroule..
Autrement dit, la présence au monde pourrait être cette provocation particulière qui, à partir de la relation spécifiquement « thérapeutique », éclaire le contexte, l’environnement d’un réseau de signification (peut être à rapprocher du travail « dans » le transfert).
Les provocations mutuelles du coaché et du coach résonnent dans le contexte, le groupe en particulier, qui réagit et donne des informations précieuses sur ce qui se joue dans la relation entre les protagonistes permettant ainsi au coach d’adapter et de moduler énergétiquement ses interventions.
2.3 Les effets de la Présence
Je l’ai évoqué plus haut, l’effet de la présence (à distinguer de l’effet de Présence d’O.Avron) se manifeste par une mobilisation énergétique qui induit des réponses des différents protagonistes. L’intégration dynamique de ces réponses introduit un rythme*, c’est à dire une modulation énergétique spécifique qui peut être ressentie et informe le coach sur l’état général du groupe.
J’ai presque envie de dire que le rythme est cette géométrie (distribution des énergies et leurs effets) de la même manière que les corps pesants en mouvement modulent dynamiquement l’espace-temps définissant une géométrie qui contraint les trajectoires.
C’est ce rythme qui crée l’atmosphère spécifique de ce groupe-là qui est un indicateur de l’état du groupe.
D’un autre point de vue, l’espace sans enjeu ouvert par la présence du praticien, permet à la personne, si elle le désire, d’être au plus près d’elle-même c’est à dire, dans son authenticité, proche de son Humanitude jusque dans sa défaillance acceptée. Alors la rencontre peut se faire au niveau de l’universel . Cette expérience est fondatrice et lui permet de mobiliser l’énergie nécessaire à sa reconstruction
2.4 Les conditions de la Présence :
A suivre