Parmi les petits bonheurs que je m’accorde, il y eut longtemps le vol à voile, en particulier comme art de piloter dans les turbulences.
L’un des piéges redoutables dans lequel le pilote inexpérimenté ou « le branleur de manche », c’est à dire le partisan de l’action sans recul, peut tomber est la spirale dangereuse de ce qu’il est convenu d’appeler la course badin/vario.
Un soupçon de mécanique du vol pour éclairer notre propos: Un planeur est une machine remarquable qui tire son efficacité de sa forme, de sa souplesse, de sa solidité. Plus un planeur va vite, plus fort est son taux de chute. il y a un optimum pour une vitesse donnée qui donne le taux de chute minimum (autour peu ou prou de 90 ou 100 km/h).
Lorsqu’en cours de vol, le pilote rencontre une masse d’air descendante, la stratégie adequat est d’augmenter sa vitesse pour la traverser au plus vite afin de récuperer une ascendance ou tout au moins un air stable.
las! les seuls instruments pertinents dans ce cas là sont le badin, l’anémomètre qui indique la vitesse et le variométre (vario pour les intimes) qui indique le taux de montée ou de chute de l’appreil.
Si, donc, pilote inconsequent, maladroit ou au contraire aveugle et trop sur de soi, notre homme traverse une masse descendante, il aura tendance à augmenter sa vitesse entrainant mecaniquement une augmentation du taux de chute. En coséquence, réflexe quasi conditionné, mon pilote peu perspicace décidera d’augmenter à nouveau sa vitesse…
et l’escalade s’installe jusqu’à ce que la machine se retrouve au sol!!
J’ai bien l’impression que nos managers fort surs d’eux cédent, en ces périodes de turbulences à la tentation de la course badin/vario pour le seul plaisir de montrer qu’ils agissent (ou plutôt qu’ils s’agitent!).
Alors que serait la bonne stratégie:
D’abord de regarder loin devant soi (se donner une Direction, tiens,donc!) puis d’integrer le taux de chute moyen sur le parcours que j’envisage, enfin, adopter une vitesse moyenne et constante que je corrige éventuellement par de délicates et discrétes interventions car toute action brutale déteriore les performances de l’appareil.
Pourtant, ne dirait on pas que notre systéme liberal, decidemment aveugle aux dégats qu’il cause et qu’il se cause, entretient le mythe du « branleur de manche »
Toute ressemblance avec des personnes……
Lucien lemaire
PS: j’en profite pour remercier chaleureusement les Bouton et autres Forgeard qui acceptent, enfin, de dévoiler la réalité des valeurs qu’ils defendent, pas les belles valeur de la liberté d’entreprendre et de la responsabilité mais au contraire du déni de toute responsabilité, du gout du pouvoir et de l’esprit de lucre. Voilà une belle confirmation des théses Nietzsheennes des valeurs comme masque.