Transfert et contre-transfert dans le coaching

S’il est des notions souvent mal cernées par les coachs et qui donnent lieux à de multiples contre sens au point d’en faire des mots valises ce sont les deux concepts pourtant bien caractérisés dans leur champ propre, c’est-à-dire la psychanalyse, de transfert et de contre-transfert.

Il est, donc, prudent de revenir aux fondamentaux.

Le transfert « désigne le processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains objets dans le cadre d’un certain type de relation établis avec eux et éminemment dans le cadre de la relation analytique.
Il s’agit là d’une répétition de prototypes infantiles vécue avec un sentiment d’actualité marqué » (Vocabulaire de la psychanalyse, J. Laplanche et J.B Pontalis)

De même, le contre transfert est l’ensemble des réactions inconscientes de l’analyste à la personne de l’analysé et plus particulièrement au transfert de celui-ci » (idem).

Dans les deux cas, il s’agit de phénomènes inconscients, ne se produisant, ou tout au moins susceptibles de se repérer, que dans un dispositif particulier.

On ne peut, donc, parler de transfert dans le coaching que si le coach se situe dans une mouvance psychanalytique, c’est-à-dire qu’il fait l’hypothèse de l’inconscient. La transposition de cette notion dans des champs « théoriques » différents n’a aucun sens ! Alors ne parlons pas de ces inventaires à la Prévert d’outils (sic) du coach qui mettent le transfert à coté du DMS4 à moins que cela ne soit une forme supérieure d’humour ou de provocation.

Le dispositif de coaching ouvre sans aucun doute une possibilité de repérage du transfert à la condition bien sûr, qu’il y ait la présence d’un analyste pour l’entendre. Car, le transfert est un phénomène inconscient qu’il faut pister à travers les failles du discours du coaché, c’est-à-dire avec une qualité d’écoute particulière, dans sa relation au coach. Cela nécessite, donc, que le coach ait une expérience significative de l’analyse, qu’il soit suffisamment formé pour élaborer cette expérience et en comprendre les enjeux particulier dans le cadre spécifique du coaching.

Ce repérage peut être important car il ouvre un niveau de compréhension de certaines difficultés tenaces du coaché. Car comment comprendre les répétitions mortifères sans repérer la manière dont elles s’actualisent ici et maintenant et viennent court-circuiter toute possibilité de compréhension? il s’agit, en effet, avant tout d’une mise en acte qui vient se substituer à un processus de pensée et, donc, fait obstacle à toute tentative d’élaboration (ie de symbolisation).

Il est intéressant de noter que le transfert est, toujours, » ici et maintenant » et contextualisé. Il prend des formes à chaque fois différentes en fonction du contexte : il est à la fois toujours le même et pourtant à chaque fois autre. Il n’est, donc, jamais simple restitution du passé même s’il en porte toujours la trace. Ce qui me permet de lever un stéréotype fréquent chez les coachs : la psychanalyse n’est jamais un retour vers le passé historique. Le phénomène analytique c’est ce qui se passe ici et maintenant à ce moment de mon histoire dans ce contexte là et dans ce rapport précis à mon thérapeute, différent d’hier et de demain. Le passé est toujours un passé reconstruit, fantasmé aujourd’hui.

Repérer le transfert, c’est comprendre les limites du coaché mais c’est aussi la possibilité, en acceptant la place transférentielle, de s’accorder à son monde (c’est-à-dire à son réseau de signification) ce qui permet d’établir une « relation », ce qui est bien autre chose qu’une communication, condition de tout travail possible.

On pourra dire alors que l’on travaille dans le transfert.

Interpréter le transfert est une autre paire de manche. Cela nécessite un long cheminement qu’il est impossible d’entreprendre, à la fois pour des raisons de cadre, de technique et de temps, dans une séance de coaching.

Il en est de même du contre transfert : celui-ci étant inconscient, il faut l’oreille d’un tiers, le superviseur plus précisément, pour démêler tous les enjeux inconscients de la relation du coach à son coaché.

Donc, pas question d’utiliser comme ça son ressenti en évoquant le contre transfert.

Il y a souvent confusion entre la résonnance émotionnelle, consciente, et le contre transfert inconscient qu’il est impossible d’utiliser à chaud mais qu’il est sain de travailler en supervision (avec un superviseur capable d’en comprendre quelque chose !)

Cela m’amène à conclure en pointant la différence fondamentale entre attitude et contre attitude et transfert et contre transfert.
Ce que perçoit en premier abord le coach c’est l’attitude du coaché (consciente) et sa réaction consciente, la contre attitude, à cette attitude.

Il y a entre attitude et transfert et contre attitude et contre transfert tout l’arsenal des mécanismes de défense !

Ainsi un train peut toujours en cacher un autre et cette sympathie que je prends pour de l’empathie avec mon coaché cacher une haine profonde.

Mieux vaut le travailler….

Sacré chantier

Lucien Lemaire

École Européenne d’Hippo coaching et de Coaching à Médiation Corporel (www.hippocoach.org)

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