Equicoaching : quand le sens s’invite.

Situer l’equicoaching:

L’équicoaching n’est pas un jeu mais, comme le psychodrame, le modelage ou le collage, un « médiat » (il faudrait discuter ça!)  qui permet de déplacer les défenses pour faire surgir un matériel nouveau.

La vignette que je vous expose, maintenant, plus qu’un long discours met en évidence les effets de sens qui peuvent surgir de l’inconscient quand le corps est mobilisé dans un cadre adapté.

La voltige accessible à tous est un travail sur le sens, sentir, direction, latéralisation équilibre

La scène se passe le 7eme jour d’un stage de formation à l’equicoaching qui en compte neuf. Françoise est monitrice d’équitation. Elle a une trentaine d’années. Elle élève des chevaux en Normandie. Elle développe un rapport respectueux à l’animal et une excellente compréhension de ses comportements.

De l‘expérience au sens:

Dans le cadre de cette formation, j’ai, à ce moment là,  mis en place un dispositif à trois personnes, un coach, un coaché et un observateur avec pour consigne de travailler un problème, de faire émerger une demande de proposer des pistes de travail  et de construire un dispositif (équestre ou non) pour les explorer.

Françoise, qui s’est déjà engagé, avec beaucoup d’authenticité, plusieurs fois au cours du cursus, émet une demande initiale à partir d’un problème de communication qu’elle pense avoir, en particulier avec ses clients: ou bien elle est en retrait ou bien elle va au devant, in fine, elle n’est jamais à la bonne distance. Les problèmes de communication étant toujours de faux problèmes ou plutôt des « problèmes écran », comme la gestion du temps, la confiance… (si, si, j’assume), je lui demande de préciser quelques cas concrets et on s’arrête sur la relation qu’elle entretient, entre autre, avec son fils de 4 ans. Je lui propose, donc, comme thème l’entrée en relation et nous construisons un dispositif équestre adapté à cette problématique.

Afin de commencer le travail, je lui demande de bien vouloir aller chercher Jaillero dans son paddock. Jaillero est un pur sang arabe extrêmement attentif et réceptif aux comportements humains.

Françoise, professionnelle du cheval confirmée, pénètre dans le paddock. Il se passe alors quelque chose d’inhabituel, le cheval est franchement méfiant et refuse les tentatives d’approches, pourtant très pro, de Françoise. Pour le coup, nous voilà, in vivo, dans le cœur de sa difficulté: l’entrée en relation. La danse, véritable valse hésitation, s’éternise sans que Françoise puisse approcher suffisamment de l’animal pour lui passer un licol.

C’est alors que Françoise laisse littéralement échapper un mouvement impulsif voir agressif, immédiatement réprimé, mouvement qui semblait improbable voir impensable pour elle compte tenu de ses valeurs !

Inutile de continuer, l’effet de sens, après un court instant de sidération, surgit et des liens nouveaux se font spontanément.

Bien sur tout ceci ne peut faire sens que dans le contexte travaillé, d’un père massivement indifférent et d’un lien transférentiel qui s’est installé avec moi depuis le début du stage : il faut que je me montre, à tout prix, à la hauteur si je veux que le coach puisse me reconnaitre…

Qu’il soit bien clair que nous sommes en coaching même si un processus certainement (de surcroit!) thérapeutique s’est mis en place : l’indifférence du père prend place ici et maintenant et s’installe dans le champ professionnel, point de départ de la demande.

On voit accessoirement, ici, qu’il est impossible de séparer le professionnel du personnel mais que les liens sont  élaborés par le coaché lui-même dans le périmètre de sa demande initiale.

De plus tout travail corporel, avec des chevaux ou non, mobilise le comportement et les affects ! Ils permettent de plonger au cœur du sujet sans découper la personne en tranche! C’est d’ailleurs leur intérêt

De la méthode et des principes :

L’equicoaching est avant tout un coaching, c’est un truisme mais manifestement, cela va mieux en le disant ! C’est-à-dire qu’il n’est possible de travailler qu’à partir d’un problème explicite et d’une demande suffisamment élaborée.

Dans ces conditions, la démarche est celle …..d’un coaching : seul le dispositif va changer et la dimension équestre, en introduisant le tiers animal et des exigences particulières de cadre , ouvre à une variété de stratégies d’intervention intéressante.

:La méthode générale doit, donc, être la suivante

  • Comprendre et contextualiser le problème apporté
  • Faire émerger et travailler la (ou plutôt les) demandes
  • Si la demande est suffisamment mure, se donner un objectif
  • Construire un dispositif. J’entends par dispositif la mise en place d’une situation équestre adéquate. Cette situation peut être diverse et mobiliser le travail en liberté, la voltige équestre, le travail monté en licol voir le travail monté en filet en fonction de la nature du problème à travailler et de la demande
  • Enfin, faire élaborer le coaché sur son expérience afin qu’il puisse faire les liens nécessaires.

 

On voit que pour être un hippocoach, il faudrait avoir une double compétence : celle d’un bon cavalier (un cavalier bien formé et qui sait « voir »)  polyvalent et celle d’un coach. Chacune de ces compétences nécessite  un travail de plusieurs années et il est rare de les voir réunies chez une seule et même personne.

C’est pourquoi on travaille souvent à plusieurs animateurs ce qui conduit à des difficultés spécifiques importantes mais aussi à des richesses d’intervention et de compréhension particulièrement intéressantes  (transferts latéraux,….).

Lucien Lemaire

École Européenne d’Hippocoaching et de Coaching à Médiation Corporelle

« Lemaire L, 2021, La destruction de l’humain: panser ou repenser le coaching, EMS, 2021

« hippocoaching, le cheval coach, quand le corps parle », EMS, 2015

2 réflexions sur “Equicoaching : quand le sens s’invite.

  1. Bonjour Lucien,
    Je suis un fan de vos billets sur l’équi-coaching et celui de juillet me fait vibrer de bonheur. Bien vu le titre et l’orthographe de votre schéma « hypo-coaching », je souscris au jeu de mot et je mesure très concrètement dans ma récente pratique de l’Equi-Coaching (2008) combien le cheval permet au coach d’alléger ses interventions, voir de « sous-jouer », mais le mot n’est probablement pas approprié, je n’en ai pas trouvé d’autre, je veux dire par là de souligner avec beaucoup d’économie de moyen des signaux faibles et des leviers cachés mis à jour par le cheval. Le travail du coach est en quelque sorte réparti, ce qui permet là aussi des « synergies inattendues » comme vous le mentionnez au sujet du travail en tandem. J’attends d’ailleurs avec impatience votre billet annoncé sur ce sujet. Je travaille uniquement en tandem ; mon partenaire et moi avons rodé nos processus d’intervention en se frottant au fur et à mesure de la pratique aux limites et aux difficultés de l’exercice tant pour nous que pour le client. Si bien qu’aujourd’hui (croyance, conviction, ou peur déguisée, ça reste à travailler…) je ne me vois pas travailler seul avec un cheval et un client tant les retours de nos clients nous ont encouragés à poursuivre dans la voie engagée.
    Au plaisir de vous lire à nouveau sur ce blog ou ailleurs.
    Stéphane Wattinne

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    1. je m’aperçois que je n’ai jamais répondu à votre commentaire. En fait les suites d’un petit infarctus m’ont déstabilisé quelques temps. Merci pour votre commentaire et à échanger si vous le souhaitez
      Cordialement
      Lucien Lemaire

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