Le coaching à coup de marteau: il devient urgent de prendre position

C’est mon coté écologique: je recycle…mais je crois que ce coup de gueule reste salutaire, car la   « technique »,  la marchandisation du monde, l’objectivation du monde envahit le champ de la  relation d’aide. Les évitements, les idéologies, les passions tristes avancent masqués derrière ces techniques de gestion des âmes par ces « technologies » des esprits)  qu’on nous assène sans vergogne au nom de l’opérationnalité et d’une soi-disant efficacité sans mesurer la relation avec les idéologies dominantes et la déshérence de notre monde. Voilà bien pourtant ce contre quoi nous avait mis en garde successivement, et parmi les plus grands,  Nietzsche, Heidegger, Maldiney, Guy Debord:

Il n’y a pas une seule séance d’un groupe d’échange des pratiques, pas un seul séminaire sans que l’on soit sommé d’échanger ses outils, d’exhiber sa méthode : un espace de troc, en somme ! Mais entre troc et toc il n’y a que l’espace d’une lettre.

C’est pourquoi j’ai emprunté à Nietzsche le seul outil qui vaille : le marteau !

Quelle belle santé ce Nietzche qui philosophe à coup de massue,  débusquant, toc toc,  les masques creux de nos idoles aux pieds d’argile, pulvérisant le veau d’or, sondant les abcès purulents  sous les pansements des bons sentiments qui fondent nos morales ordinaires, titillant nos arcs  réflexes  par un petit coup sur le tendon d’achille, vous savez, là où ça fait mal, où c’est fragile!  (allez ! assez décodé , courage, de l’air!!).

Quel plaisir, l’autre jour, d’entendre dans une émission radiophonique consacrée au neuro marketing (sic, mais il y a aussi le neuro coaching, re sic) ce professeur de neurologie dénonçant dans une saine et dionysiaque véhémence  (j’en rajoute un peu mais c’est pour mon plaisir) l’escroquerie du cerveau droit/cerveau gauche, du reptilien et du limbique et des grammaires émotionnelles…tout ces petits tripotages pseudo scientifiques qui sont le lieu commun de nos bluffs et de  nos évitements, l’habillage d’une impuissance à vivre qui ne s’avoue pas: curieusement, dans ma pratique de formateur de coach, il n’y a pire infirme de la relation que les « spécialistes » de l’apprivoisement (êtes vous travaillomane?), de la maîtrise (Re-programmons neuro linguistiquement votre ordinateur cérébral et le bonheur pour tous est à portée de porte feuille!), de l’utilisation, de la grammaire (ah! les grammaires émotionnelles avec un zeste de neuro médiateurs, servez chaud!)  qui sont les premiers à appeler au secours lorsqu’ils en rencontrent une, émotion,  une belle, une vraie, une vivante…

Au secours Nietzsche, reviens ils deviennent fous..mais peut être n’est ce, après tout, que l’avènement prévisible du dernier homme.

Alors que faire? s’interroger d’abord sur ces conceptions de l’homme qui soutiennent nos pratiques: l’homme est il   une machine à traiter de l’information (PNL), un automate à état fini (AT) ou plus profondément pure possibilité comme le pense Heidegger, c’est à dire ex-sistence.

Dans ces conditions, c’est dans son ouverture à l’Être (entendez le pouvoir Être) que l’homme peut se rendre présent, à lui même d’abord et aux autres ensuite: quel voyage, mon dieu, et l’Éthique c’est justement de comprendre que ce voyage n’est jamais terminé.

Les grands artistes, eux,  savent plonger au cœur de l’être : que cherche, donc, Cézanne en peignant sans relâche la même, mais est ce bien la même, montagne Sainte Victoire : l’être de la Montagne, c’est à dire la condition de son apparaître dans la fraicheur d’une présentation qui ne se fait jamais représentation.
Car il s’agit de comprendre (prendre avec soi) ce qui n’a rien à voir avec les logiques de la représentation,  cette re-présentation (du réchauffé!), qui est par nature déni de la vie, et sa combinatoire infinie, déclinée jusqu’à l’ écœurement dans les sciences humaines et les sciences de gestion (ah! les typologies de manager, de leadership et autres types psychologiques)!!

« Comprendre ? : C’est une façon éminente et originaire d’être le là de ce dont il retourne dans l’événement sans préalable de l’apparaître. Apparaître, c’est se manifester en soi-même dans l’Ouvert… C’est s’ouvrir  dans la déchirure de sa propre opacité et surgir dans le jour de la déchirure : l’Ouvert…. C’est le même pour lui de s’ouvrir en lui-même à soi et de s’ouvrir à l’Ouvert… apparaître de cet étant singulier pour lequel il y va de son être dans cet être même » H.Maldiney

Évidemment, il faut savoir lire, entendre,  c’est à dire prendre le temps, laisser vibrer !
Il est possible (euphémisme)  que Holderlin,  Rimbaud, Lautréamont, Kandinsky, Cézanne, Mozart, René Char, Nicolas de Staël,  Tal Coat….en disent plus long sur la nature humaine, et, donc, sur le management (l’art de « ménager », d’habiter) que tous les professeurs des écoles de commerce réunis, les consultants et paradoxalement, le plus souvent, les coachs, surtout quand ils prétendent s’orienter solution ou accroitre la performance (le gouffre est devant toi,Camarade, encore un pas et tu trouveras tout seul la solution !)

Lucien Lemaire – Co-Presence

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