Curieusement, je ne connaissais pas ce texte de Maldiney qui se télescope avec mon prurit, cet impérieux besoin de dénoncer la bêtise envahissante et mortifère !
De la synchronicité!!!!!!
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«Cet état de choses qui n’est pas un état d’être définit de très près en l’homme la bêtise : la bêtise profonde, profonde de toute la distance — qu’elle ne franchit pas — qui la sépare de la sottise et de la niaiserie.
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Elle règne là où il n’y a personne ; par exemple dans les situations fonctionnelles, administratives, bureaucratiques, placées sous la juridiction de personnages formant une assemblée de masques, de noms-titres et de rôles, où il est impossible de rencontrer, et où celui qui est en quête de quelqu’un trouve, au lieu d’un répondant, un répondeur. Comme la bestialité est la déchéance, en l’homme, de l’animalité, la bêtise est la déchéance, en l’homme, de l’absence à soi de la bête, s’ignorant elle-même dans tous ses états.
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Celle-ci sait la peur, le désir, le besoin, la menace, sans se savoir elle-même en eux.
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La bêtise est, pour employer le vocabulaire de Heidegger, la substitution du « sich benehmen » (1) aux lieu et place du « sich verhalten » (2) , la substitution d’une includence sans faille ni dépassement à toute façon de s’ouvrir et de se comporter à l’étant comme tel. Cette fermeture d’un en-soi sans soi a quelque chose de sacré au sens précisément du « Mysterium numinosum tremendum »; au sens de l’idolâtrie, tournée vers l’inintelligence toute-puissante, celle du maître absolu, opaque comme la mort et d’où tout peut sortir.
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La « Benommenheit » (3) de l’homme, engourdi en lui-même qui n’est pas un soi, se manifeste par une circularité sans défaut, semblable au cercle que forment ensemble l’animal et sa proie.
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Là il n’y a pas de rupture, d’état critique, dans l’ouverture desquels il faut «s’être» ou s’anéantir.
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Sans faille pas de mise en demeure d’être.
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Quand on dit de quelqu’un qu’il est bête, on signifie par là qu’il ne s’entend à rien, qu’il est foncièrement incapable de ce qui s’appelle comprendre.»
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Quand je dis qu’il faut que les coachs, les associations de coachs, les « superviseurs » de coachs le lisent!
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Henri MALDINEY, Penser l’homme et la folie, Paris, Jérôme Millon, 1991, p.341
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(1) – le « se comporter » de l’animal complétement déterminé par son monde (on peut se reporter au texte de Deleuze sur le « monde » de la tique!)
(2) – le « se comporter à » de l’homme, son rapport proprement humain à l’étant (ce qui est là devant) qui n’est jamais saturé mais toujours à ouvrir sans être jamais épuisé.
(3)- « l’accaparement » , mode du rapport animal à l’étant saturé par ses pulsions. « la pierre est sans monde, l’animal est pauvre en monde, l’homme (Le Dasein) est configurateur de Monde«