
Je remercie les éditions EMS qui me font à nouveau confiance.
Table des matières
La destruction de l’humain : panser ou re-penser le coaching. 1
1. En guise de prologue.
Les sociétés vivent une crise majeure sous les effets conjoints de la menace écologique et de la crise sociale.. La question du sens se pose d’une manière d’autant plus radicale que l’on assiste au naufrage du politique capturé par l’économique.
Dans le monde du relativisme absolu où tout se vaut, opinion contre opinion, où plus rien n’a de valeur, il m’a paru urgent de retrouver le socle solide d’une pensée capable de se questionner elle même..
Nous sommes à la croisée d’un chemin. Sans discernement, les grandes associations de coaching ont pris, sans états d’âme, la direction du marketing…référentiels de compétence abstraits, processus dérisoires, outillages sans fondement, mille feuille des rôles et missions (ah! les superviseurs de superviseurs) . Seule la communication, la visibilité médiatique, la course à l’échalote d’outils vendeurs guident la fuite en avant pour la conquête du marché. Les paradoxes que j’ai signalés ailleurs ne semblent pas les interpeller outre mesure.
Alors comment sortir du relativisme généralisé, ce cancer du nihilisme négatif?
En pensant sa pratique à partir de fondements clairement définis et qui peuvent être discutés.
Reprendre à zéro la question de l’accompagnement afin de poser un cadre à partir duquel pourront être dénoncés les pensées magiques, les non sens, les approximations, les delires pseudo scientifiques, les biais méthodologiques et idéologiques.
Il s’agit de lui redonner une rigueur épistémologique à partir duquel les confusions, approximations et autres raccourcis auront à se situer.
Il nous faut pour cela poser des questions tellement élémentaires qu’on se demande pourquoi elles n’ont jamais été posées…et c’est une vrai question en soi!
Qui accompagne t-on (qui est cette personne que l’on coach), pour quoi faire? pour aller où? qu’est ce qu’une organisation? un groupe, une équipe? comment s’élaborent les règles communes? qu’est ce que le travail ? à quoi sert il? comment tout cela s’articule et fonctionne pour créer un collectif? qu’est ce que rencontrer? …
C’est bien sur la clarification de ces questions fondamentales qui permettra de refonder une pratique exigeante, débarrassée “des outils sans légendes” (René Char) afin de retrouver à neuf l’intensité de la vie et le plaisir de la rencontre…
Alors nous suivrons le philosophe Georgy Lukacs, lorsqu’il nous interpelle en nous rappelant: que
- La science est sans sujet,
- L’ethique est sans objet,
- L’art, et je rajoute la thérapie et le coaching, est la co-naissance du sujet et de l’objet.
C’est cette co-naissance que nous allons tenter de comprendre.
Dans une première partie, nous évoquerons les grandes tendances sur lesquels s’appuient le coaching aujourd’hui, en identifiant ses 4 dénis:
- Déni ontologique: quel est cette personne que l’on accompagne,
- Déni ideologique ou social historique: quels sont les sous entendus implicites sur lesquels se fondent les pratiques d’accompagnement
- Déni psychologique: méconnaissance des processus de fonctionnement de la psyché
- Déni sociologique: qu’est ce que l’organisation dans lequel le coach intervient.
Puis, à partir d’une caractérisation initiale de la personne humaine, nous reconstruirons le cadre adequat pour penser, la personne, le collectif et l’organisation pour délimiter une pratique vivante de l’accompagnement.
Apres avoir questionné le travail comme la confrontation de la liberté à la nécessité (Simone Weil) , évalué les conditions d’un travail vivant (K.Marx), nous suivrons les chemins balisés par Martin Heiddeger et son ontologie fondamentale pour penser l’etre de l’homme, Cornelius Castoriadis pour explorer les questions de la construction sociale et de l’autonomie, Eugene Enriquez pour penser l’organisation et clarifier les modes d’interventions possibles.
Nous nous accorderons , ici et là, au cours de notre promenade, quelques étranges rencontres: entre autres Wittgenstein pour la question du langage, Maldiney et Nishida pour la question de la rencontre et de l’intuition….
J’espére que vous aurez autant de plaisir à parcourir ce chemin que moi j’ai eu à le tracer.
2. Voir loin pour piloter mieux.
Il fait grand beau temps sur le terrain de vol à voile de Saint Remy de Provence. Le mistral souffle fort sans trop de rafales. Le vol promet d’être sportif dans les basses couches et exaltant, une fois passée la couche turbulente si le système d’onde s’installe.
Briefing avec le chef pilote : attention ! si tu accroches ne monte pas plus haut que 3000 m, ton appareil n’est pas équipé d’oxygène.
Décollage au treuil, violent, très violent. Tout de suite sur la pente. Ça tabasse dur, mais je m’accroche et bientôt je sors des turbulences : l’ascenseur. Plus un bruit, plus une secousse, vitesse 100 km/h pour un vent de 100 km/h, immobile par rapport au sol, la machine grimpe à 8 m/s. Le bonheur, le pied, quoi ! 3000, 3500, 4000 m…je vois loin, très loin, la terre s’estompe. J’exulte. Tellement envie de continuer. Je suis pure contemplation, la réalité n’existe plus. J’ai perdu le contact avec le sol. Un éclair de lucidité, je sors en grand les aérofreins, la machine descend doucement dans le bruit des frottements avec la masse d’air.
Ça y est, je me sens à nouveau relié à la terre. Je vois encore loin, suffisamment, pour décider d’une destination et je me sens suffisamment ancré dans la réalité pour décider d’ une stratégie de progression adéquate.
Avoir la vue d’ensemble, la contemplation, la « théoria », permet d’élaborer une stratégie à mettre à l’épreuve des faits.
Tenir les deux bouts de la théorie et de la pratique pour comprendre et agir. Voilà la seule manière de piloter.
Aujourd’hui, le coaching est à fois déraciné et ras du bitume. L’ampleur des contre sens est masqué par les non-dits, les aveuglements, les illusions, les slogans.
Cela n’est pas un hasard et le fond masqué des pratiques réelles porte un nom : l’idéologie.
La question fondamentale est, donc, peut-on faire du coaching en dehors d’une idéologie.
Y répondre nécessite de répondre aux questions : qui accompagne-t-on ? Pour aller où ? Pourquoi est comment ?
Mon cher Lucien, si vous avez besoin d’une préface…le Dr. Ivan est là 😉
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écoute pourquoi pas! j’ai sollicité Danielle Moyse avec qui j’ai un peu travaillé. Sur le principe, elle est d’accord mais n’a pas beaucoup de temps pour lire. A suivre
Tu as réussi ce que je n’ai jamais pu faire, j’ai commencé 3 thèses:
– une en mathématiques,
– une en psychologie cognitive avec Claude Bastien
– une en psychologie clinique avec Roland Gori
jamais allé jusqu’au bout!
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