Il n’y a pas de semaine sans qu’un coach en vienne à invoquer le saint patron du coaching : Socrate. Curieusement, peu d’entre eux semblent décidés à s’informer pour savoir qui il était vraiment : peut être découvriraient t-ils une homme bien plus inquiétant aux pratiques étranges bien loin des pieuses invocations.
Bien sur, on connaît mal Socrate. De plus on ne le connait qu’à travers les nombreux philosophes, de Platon à Aristote, qui s’en réclament mais qui, in fine, ne parlent que d’eux à travers lui. Cependant, en confrontant les points de vue parfois très contrastés entre les différents chroniqueurs, on voit se dessiner un personnage à la fois repoussant, agaçant et fascinant.
Repoussant pas sa laideur, agaçant par ses prétentions ambigües à ne rien savoir et ses ratiocinations ad infinitum qui finissent par donner le vertige saper tout sens,fascinant par sa facilité, lui, le laid, à susciter l’amour, celui des jeunes éphèbes entre autres, mais aussi par la puissance chamanique de sa petite voix intérieur (son daemon) .
On connaît l’ambivalence de Nietzsche à son égard écartelé entre la haine et le mépris pour le Socrate rationalisateur et suicidaire et l’admiration pour celui qui va jusqu’au bout de son engagement.
Peut être Nietzsche a-t-il finit par entre apercevoir que c’est la raison, elle même, que Socrate questionne, les apories et les impasses du langage qu’il met en scène pour dévoiler une autre vérité : celle l’Eros, l’appel de la vie, de l’Etre que l’on ne peut entendre que dans le silence. Socrate pratiquait déjà la prescription de symptôme et l’injonction paradoxale.
Finalement, c’est en provoquant à l’amour qu’il trouble mais aussi qu’il transforme et c’est bien là sa redoutable efficacité qui finira par l’envoyer à la ciguë.
Il travaille dans le transfert dirait on aujourd’hui !
Non Socrate n’est pas suicidaire : peut être choisit il de quitter simplement, ironiquement un monde qui refuse la vie. Il assume la finitude structurale de l’homme, cette finitude qui lui donne intensité et choisit son départ avec panache plutôt que de se démettre. Peut être rejoint ils en cela Ulysse refusant l’éternité et les doux plaisirs que lui offrait Calypso pou la grandeur d’assumer son être en propre; celui du retour parmi les siens.
Nous voilà bien loin de la banalisation maïeutique, contre sens redoutable sur la position Socratique qui convoque le coaching du coté de l’oubli de l’Etre.
Maïeutique, maïeutique vont-ils claironnant en sautant comme des cabris en oubliant la seule définition viable du coaching.
Le coaching est, essentiellement, une aventure relationnelle, tout cela, rien que cela.
Lucien Lemaire
École Européenne d’Hippo coaching et de Coaching à Médiation Corporelle (www.hippocoach.org)
Pour aller plus loin, on lira avec profit le remarquable petit livre de Pierre Hadot, « Eloge de Socrate » aux éditions alia. Un bel exemple où la concision est au service de la pertinence.